Versailles, un collège dans l’impasse...

Communiqué de presse de SUD éducation 13
vendredi 3 avril 2015
par  BC
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Versailles, un collège dans l’impasse….

Les personnels et les élèves du collège Versailles (Marseille, 3eme arrondissement) n’en peuvent plus des conditions d’insalubrité dans lesquelles vivent les familles depuis plusieurs années.
L’insalubrité des logements de la rue de Versailles (qui est en fait devenue une impasse), et plus généralement des habitats du 3eme arrondissement, est un problème qui pèse lourdement sur la santé physique et morale et sur la scolarité des élèves.

En témoigne l’article paru dans le journal le Ravi du mois de mars 2015 (n°127), « C’est pas Versailles, c’est un cauchemar » : l’exiguïté du logement, l’humidité, les dysfonctionnements des chauffe-eau, les infiltrations, les rats qui prolifèrent, les enfants qui dorment à quatre dans la même chambre, les loyers exorbitants des marchands de sommeil...
En témoignent aussi les récits que les élèves nous font partager depuis des années : une élève faisait ses devoirs dans la salle de bain, seule manière pour elle de s’isoler, un autre a du plomb dans le sang depuis des années à cause de l’eau bue au robinet, traversant des canalisations vétustes, un autre encore se sent menacé par les rats et les seringues entassées par terre dans la cour intérieure.
Même ceux qui estiment « avoir de la chance » car leur logement est à l’intérieur correct, ont à supporter pour environnement une rue-poubelle et pour seul paysage une autoroute.

L’état de santé inquiétant dans lequel se trouvent les habitants du 3eme, et particulièrement les enfants, est rappelé dans un article du journal 20minutes paru l’année dernière : « le 3e est ainsi devenu le « paradis » des marchands de sommeil qui louent des « taudis », rue Lantier et rue de Versailles par exemple, où se développent la gale et l’asthme. À l’antenne locale de Médecins du Monde, Cendrine Labaume voit aussi arriver des enfants atteints de saturnisme et d’affections de la peau. »
La situation pour les habitants de la rue de Versailles semble bloquée : ils ne peuvent se tourner ni vers les propriétaires qui refusent de faire les travaux nécessaires pour rendre ces logements décents et ni vers l’État (les personnes qui font une demande de logement dans le cadre de la loi DALO sont pour l’instant sans réponse).
Les habitants vivent de nombreux drames pour lesquels nous devons accompagner nos élèves (décès prématurés, accidents de la vie quotidienne) très souvent liés aux conditions de vie précaires et à la misère économique).

Pour SUD éducation, la situation décrite constitue un manquement grave de l’État à faire respecter les droits fondamentaux de l’être humain de vivre dans des conditions décentes.

Ce collège, situé au cœur d’un des quartiers les plus pauvres de France , est lui-même dans un état déplorable : certaines salles de classe sont particulièrement exigües (elles ne respectent pas les normes de sécurité et d’hygiène prévues par la loi) ; 6 classes sont en préfabriqués depuis plus de dix ans ; bien qu’au bord de l’autoroute, aucun aménagement n’est prévu pour protéger le collège du bruit ou de la pollution. Des travaux de rénovation sont prévus depuis plusieurs années, mais sont systématiquement reportés pour différentes raisons (manque de fonds, renvoi de responsabilité entre la mairie, le département, l’Etat, le gestionnaire d’Euromed, projet des architectes rejetés...). C’est aussi le cas de l’école Ruffi, qui envoie un grand nombre d’élèves au collège.
Le collège est à l’image de la rue, du quartier et de ses familles : abandonné, coincé entre une déchetterie sauvage et une autoroute. Il est pourtant classé en REP+ (réseau d’éducation prioritaire, ancienne ZEP). Mais il subit tous les ans les attaques de la politique libérale du gouvernement : augmentation des effectifs par classe, fin des demi-groupes, suppression d’un demi-poste de CPE, encadrement médical insuffisant...

SUD Éducation 13 dénonce la politique du gouvernement qui tout à la fois demande aux enseignants d’être les défenseurs des valeurs de la République et qui par ailleurs bafoue pour ces familles des quartiers populaires, les valeurs d’égalité et solidarité qui fondent notre société.

Les propositions faites récemment par la ministre de l’EN pour lutter contre les inégalités sociales , se révèlent indécentes tant elles sont déconnectés de la situation vécue par les familles. La promesse de 45 millions d’euros pour financer les fonds sociaux des collèges (à mettre en relation avec les 500 millions promis pour la lutte contre le terrorisme) paraît bien insuffisante pour lutter efficacement contre l’état misérable des quartiers.

Pour SUD Education 13, le racisme dont sont victimes les personnes issues des quartiers populaires doit être combattu sans relâche au quotidien.

La section SUD Education du collège Versailles.