Non au licenciement d’Erwan Redon

Un autre cas de répression dans le 13
mardi 2 juin 2009
par  Rédactrice 6c
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Erwan Redon, professeur des écoles à l’école des Convalescents (Marseille 1er) fait partie des désobéisseurs.
Ceux-ci ont depuis plusieurs mois déjà, entamé un mouvement de résistance contre la casse organisée du service public d’éducation. Ils refusent de participer à la mise en œuvre des nouveaux programmes inspirés par la vision d’une école rétrograde et utilitariste. Cette nouvelle école impose « l’aide personnalisée » mais condamne les RASED, supprime les cours du samedi matin mais organise des stages de remise à niveau qui induisent du travail pendant les vacances, payé en heures supplémentaires défiscalisées. Elle permet en outre d’obtenir des primes à la tâche qui mettent les personnels en concurrence.
Les désobéisseurs accompagnent leur acte d’une intense réflexion pédagogique, de dialogues avec les parents d’élèves et de nombreuses propositions pour une école meilleure, tout en assurant la totalité de leur service.
Alors que ce mouvement de désobéissance civile s’amplifie nationalement, la répression qui s’ensuit est à géométrie variable selon les académies. Dans les Bouches du Rhône, la hiérarchie a décidé de mater ces fonctionnaires frondeurs
Alors qu’ils assuraient leur temps de service devant les élèves (remplaçant la coquille vide de l’aide personnalisée par différents projets et ateliers), certains désobéisseurs se sont vus délester de plusieurs dizaines de journées de salaires sur leur bulletin de paye. L’arbitraire semble de mise puisque d’autres sont épargnés mais c’est pourtant la politique de l’exemple qui est orchestrée. Dans la lettre adressée aux inspecteurs de l’éducation nationale (IEN) datée du 2 février 2009, Gérard Trève écrit : « Je précise que je suivrai strictement l’avis que chacun d’entre vous me donnera sur l’opportunité de restituer ou non le salaire des quelques enseignants que j’ai sanctionnés. Il vous appartient de déterminer si les enseignants concernés ont agi de façon délibérée ou s’ils ont été mal conseillés »
Pour Gérard Trève, Erwan Redon appartient à la première catégorie puisqu’il lui signifiera plus tard une ponction de 32 jours de salaire, tout comme sa collègue, également désobéisseuse.
Erwan, une déjà longue histoire de désobéissance...
Mais pour notre inspecteur d’académie, dont l’heure de la retraite approche, il est urgent de solder le dossier « Erwan Redon ». L’étranglement financier de ce jeune père de famille ne sera pas le point d’orgue de la punition infligée par son chef. Erwan est convoqué pour une commission disciplinaire le 7 juillet 2009 (L’administration, elle, n’est pas en vacances).

Que lui reproche-t-on ?

Officiellement une “insuffisance professionnelle”. L’expression est suffisamment vague pour permettre l’arbitraire le plus inventif lors de l’instruction du dossier.
Mais il se trouve qu’Erwan Redon refuse aussi l’inspection depuis 2005 et qu’il est bien connu des services académiques. A la fin de l’année 2006, il lui fut d’ailleurs refusé l’organisation d’une classe de neige. Les parents de l’école La Paix qui avaient protesté contre la privation de sortie de leurs enfants finirent d’abord en garde à vue puis au tribunal après que l’inspecteur d’académie adjoint eut déposé plainte contre eux pour être entrés dans l’école. Erwan, quant à lui, fut immédiatement suspendu.
Tandis que publiquement la hiérarchie stigmatisait sa soi-disant insuffisance professionnelle, les négociations avec les syndicats dans les coulisses de l’Inspection Académique, portaient sur les expérimentations pédagogiques d’Erwan et son refus d’être inspecté. Celui-ci fut sommé d’y renoncer alors que le refus d’inspection est reconnu par la note de service en date du 13 décembre 1983, publiée au BO du 20 décembre de la même année.

Erwan Redon n’est pas le seul à condamner la politique gouvernementale et ses nombreuses déclinaisons : hiérarchie omnipotente, programmes scolaires rétrogrades, fichage généralisé des élèves, « politique migratoire » qui enferme puis expulse des familles dont les enfants devraient être dans nos classes... Les actes qu’il a posés en participant aux recherches pédagogiques des « CREPSC » (proche de l’ICEM-Freinet), en militant syndicalement à SUD et à l’UDAS, ainsi que dans les collectifs « anti hiérarchie », « stop fichage » (CNRBE) ou à RESF, dans lesquels nous nous reconnaissons, risquent de lui coûter très cher. Les licenciements ne sont pas un mythe dans l’Education Nationale et moins encore dans les Bouches du Rhône où deux collègues ont pu le vérifier cette année dans le secondaire.

CALENDRIER DE MOBILISATIONS

Mercredi 10 juin :
Erwan est convoqué pour consulter son dossier professionnel.
11h : conférence de presse : devant l’école d’Erwan (13, rue des Convalescents, 13001 Marseille)
14h : rassemblement devant l’école des Convalescents.

Vendredi 12 juin :
Appel départemental à la grève .

Mardi 23 juin :
Appel national à la grève .
Rassemblement devant les Inspections Académiques.

Mardi 30 juin :
Soirée de soutien à Erwan (lieu à préciser).

Mardi 7 juillet :
CAPD disciplinaire.
9h : Rassemblement national devant l’Inspection Académique des Bouches-du-Rhône (28, bd Charles Nédélec, 13001 Marseille. Métro St Charles).

Signez la pétition en ligne

http://www.soutienerwanredon.org


Documents joints

Pétition papier de soutien à Erwan Redon
Communiqué explicatif de la lutte pour (...)