Xénophobie et expulsions : la surenchère

lundi 5 septembre 2011
par  SR
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Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, après avoir proclamé qu’il y avait trop d’étrangers en France, y compris en situation régulière et qu’il faut limiter l’immigration de travail, veut aussi battre des records. Cette année, les étrangers expulsés du territoire français (métropole seulement) devront être au nombre de 30 000 (Mayotte atteignant à elle seule déjà ces chiffres), et tout est mis en place pour réussir. Rappels à l’ordre et injonctions pleuvent ainsi sur les préfectures, jusque dans des départements où l’étranger est une figure rare. Ainsi la note de service du 25 juillet, émise par la Direction départementale de la sécurité publique du Loir et Cher, établit que « conformément aux exigences du Ministre de l’Intérieur, le nombre de reconduites d’étrangers en situation irrégulière devient l’objectif prioritaire de la DDSP pour le reste de l’année 2011 » et que l’objectif, fixé à 30 reconduites, doit être atteint (6 effectuées).

Un tour de vis supplémentaire

Nul doute qu’ils seront aidés, ici comme ailleurs, par la nouvelle loi relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité, dite loi Besson, du 11 juin 2011. Celle-ci aggrave le sort des étrangères et des étrangers en France et organise un dispositif encore plus répressif :

- instauration du « bannissement » par possibilité d’assortir l’OQTF d’une interdiction de retour en France de 2 à 5 ans ;
- quasi-liquidation de l’accès aux soins en France pour un étranger malade, par l’exigence de preuves qu’il ne peut être soigné dans son pays d’origine (traitement « non disponible ») ;
- allongement à 5 jours du délai de passage devant le juge de la détention lors du placement en rétention, ce qui laisse largement le temps d’expulser avant la décision du juge (les expulsions « en urgence » se sont d’ailleurs déjà multipliées cet été) ;
- durée maximale de rétention passée à 45 jours (au lieu de 32), augmentant ainsi les probabilités d’expulsion.

L’industrialisation de la rétention

À proximité de l’aéroport Charles de Gaulle, le nouveau camp d’internement administratif d’une capacité de 240 personnes — dont des enfants — au Mesnil Amelot, a été ouvert dans le silence de l’été. Construit en partie par des travailleurs sans papiers, il s’agit bien d’un établissement carcéral, construit en étoile autour d’un centre de contrôle, avec des caméras de surveillance, des détecteurs de mouvements. Attenants au centre, et entourés de barbelés, les locaux d’une antenne spécifique délocalisée du tribunal ont même été bâtis, afin de juger sur place les retenus, loin de tout.

Continuons à nous battre !

Le 4 septembre 2010, 140 000 personnes manifestaient dans toute la France contre l’expulsion des Roms et la « politique du pilori ». Le 28 mai, des dizaines de milliers répondaient à l’appel du Collectif d’Ailleurs nous sommes d’ici, contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers, rassemblant collectifs de sans-papiers et travailleurs sans-papiers en grève. Nul doute que dans les mois qui viennent il faudra se faire entendre, encore plus nombreux et encore plus forts. Le 18 décembre, journée internationale des migrants proclamée par l’ONU en commémoration de l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (que la France n’a pas signée), est considéré par le Forum Social de Dakar comme une échéance à ne pas rater.

Commission Immigration Sans-Papiers de la fédération sud éducation