Auxiliaires de Vie Scolaire : (Sur)vivre 6 ans avec 600 euros par mois ? La précarité pérennisée

Communiqué de la Fédération nationale SUD Éducation
mardi 3 septembre 2013
par  Rédac13014
popularité : 6%

Le gouvernement vient d’annoncer de nouvelles mesures pour l’accompagnement des élèves
en situation de handicap. Il prétend « reconnaître un vrai métier » aux accompagnateurs/trices
que sont les auxiliaires de vie scolaire (AVS), la plupart du temps recruté-e-s sur un statut
d’assistant-e d’éducation. Ce serait effectivement urgent... Mais le plan de « pérennisation des
AVS » n’est pas grand chose d’autre qu’un effet d’annonce.

Le gouvernement reconnaît qu’il y avait un
problème avec « la situation aberrante qui
obligeait le ministère de l’éducation nationale à se
séparer des AVS après 6 ans de service ». Quel
dommage de se séparer d’une main d’œuvre
efficace et si bon marché !

Dorénavant, les AVS (le plus souvent des
femmes, premières exposées à la précarité) qui
auront survécu à 6 années de période d’essai
dans la plus grande précarité (avec une succession de CDD, une très faible rémunération et fréquemment des temps partiels imposés) mériteront
de se voir « proposer un CDI qui portera, le plus
souvent, sur la même quotité de temps de travail
que le CDD qu’ils avaient jusque là » : leurs salaires resteront donc scandaleusement faibles
(sur la base des grilles de la catégorie C et
presque toujours à temps partiel).

De plus, il ne s’agit pas d’une titularisation en tant que
fonctionnaire car leur recrutement se fera sous CDI.

Et ils/elles ne seront pas employé-e-s par l’Éduca-
tion nationale mais par un GIP (Groupement d’in-
térêt public), dans la poursuite de la territoriali-
sation et du démantèlement du service public.
Évidemment tout le monde n’y aura pas droit
en même temps : 3000 pour la rentrée 2014 sur
les 28000 AVS actuellement en poste. Les autres
attendront que leur tour vienne peut-être, en
fonction des « contraintes budgétaires ».

Enfin les AVS pourront valider un nouveau
diplôme de niveau V (CAP), alors que le niveau
de recrutement actuel est bien souvent de niveau
IV (BAC) : quelle « reconnaissance » !

Par ailleurs, cette possibilité de CDIsation ne
concernera pas les accompagnant-e-s en
contrat aidé
(de durée maximale de 2 ans,
notamment pour les 8000 accompagnant-e-s
recruté-e-s « à partir de la rentrée 2013 » afin de
renforcer la communication du gouvernement sur
l’emploi), c’est-à-dire plus de la moitié des
accompagnant-e-s ; que d’inégalités de statuts
pour le même travail !
Pour ces derniers, « une formation équivalente à
celle que reçoivent tous les auxiliaires de vie
scolaire leur sera offerte », c’est-à-dire 120
heures en tout ; on appréciera ce « grand plan
de formation » !

Pour les élèves, aucune suite n’est donnée par
le gouvernement à la légitime revendication
d’un accompagnement lors des activités
périscolaires et extrascolaires.
Bizarrement, la FNASEPH (Fédération Nationale
des Associations au Service des Élèves
Présentant
une situation de Handicap) et
l’UNAISSE (Union Nationale pour l’Avenir de
l’Inclusion, Scolaire, Sociale et Éducative) ne sont
pas satisfaites de l’accompagnement « de
qualité » annoncé.

Pour SUD éducation, l’accompagnement des élèves en situation de handicap et la précarité de celles et ceux qui les accompagnent méritent tout autre chose qu’un coup de communication. Nous revendiquons des moyens supplémentaires pour l’aide aux élèves dans l’ensemble de leurs activités et la titularisation de tou-te-s les précaires, sans condition de concours ni de nationalité, assortie d’une réelle formation. Plus que jamais mobilisons-nous pour une autre école, pour une autre société... solidaire, égalitaire et démocratique pour toutes et tous.