Investissons les assises de l’éducation prioritaire !

vendredi 4 octobre 2013
par  IB
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Une demi-journée de "concertation" va être organisée dans les écoles ECLAIR ou en RSS sur l’éducation prioritaire (EP) à partir du lundi 7 octobre.

Ces journées, organisées dans toutes les ZEP de France, doivent déboucher sur des Assises qui synthétiseront les travaux le 26 novembre. Début 2014, des « pistes d’évolution » seront annoncées et
« testées » à la rentrée 2014 (cf circulaire du 18 septembre 2013).
Les objectifs sont clairement énoncés : il s’agit de commenter et de mettre en place le diagnostic établi en juillet 2013.

Selon SUD éducation, ces demi-journées de « concertation » sur l’éducation prioritaire partent de présupposés fortement orientés, basés sur le rapport diagnostic « Évaluation de la politique d’éducation prioritaire », qui pourraient se résumer par : ce qui coûte de l’argent ne sert à rien (seuils, prime ZEP, RASED...), ce qui ne coûte rien (ou beaucoup moins) est formidablement utile (hiérarchie, coordination, rôle des CPC de circo, préfets des études, ESPE…).
Dans le rapport [1], il est clairement signifié (p.22) : « Ne peut-on raisonnablement penser […] que la qualité de la pratique d’enseignement plus que l’effectif permet la réussite des élèves en milieu défavorisé ? ».

Concerter les enseignants, certes, mais en leur indiquant à l’avance dans quel cadre ils peuvent penser...

1) Appropions-nous cette fausse concertation !

Cette fausse concertation, organisée qui plus est en urgence, peut néanmoins être aussi l’occasion de remettre en cause les constats du ministère et de nous réapproprier par la base les conditions d’exercice de notre métier.

Contrairement à ce qui est affirmé dans le rapport du MEN, des études montrent que le nombre d’élèves par classe a une influence sur leur réussite : http://www.sudeduccreteil.org/spip.php?article1728

- « la preuve par STAR » : Il s’agit d’une analyse faire par Nicolas Hirtt (École Démocratique, Belgique) d’une étude scientifique menée aux États-Unis dans les années 80. Il en ressort que le faible nombre d’élèves dans une classe de primaire est un facteur de réduction des inégalités pour les classes populaires.

- « L’impact de la taille des classes sur la réussite scolaire des élèves dans les écoles, collèges et lycées français », Piketty et Valdenaire : Ce rapport officiel met en valeur la question de la faible taille des classes comme élément de réduction des inégalités (de façon forte en primaire, de plus en plus faible en allant vers le Bac). Résumé de l’étude p.10 à 12.

2) Voici les propositions de Sud Éducation :

Nos revendications pourront servir à alimenter les réflexions des équipes pour les réunions de "concertation", avec des arguments et des propositions concrètes pour (re)donner vie à l’éducation prioritaire.

- Abaisser considérablement le nombre d’enfants par classe. Actuellement , le nombre moyen d’élèves par classe en EP, dans le 1er degré, est très proche de celui du nombre d’enfant par classe hors EP ; l’écart est inférieur à 2 élèves de différence.

- Donner davantage de temps de concertation aux enseignants, pour renforcer les équipes pédagogiques.

- Lutter contre le désengagement municipal en obligeant l’Etat à reprendre la main quand les moyens mis en oeuvre par les municipalités sont insuffisants . A Marseille, comme dans d’autres municipalités, les conditions matérielles dans lesquelles nous travaillons sont désastreuses. Il en est de même pour le taux d’encadrement par le personnel municipal (ATSEM, cantine).

- Permettre une véritable formation professionnelle des enseignants. Le volume de la formation professionnelle à laquelle nous avons droit a considérablement baissé depuis 7 ans.

- Résorber la précarité des personnels (contrats AED ou CUI, vacataires) qui est un frein à la stabilité des équipes et au travail dans la durée.

- Assurer des moyens pérennes et non plus remis en cause d’une année sur l’autre au gré des modes politiques.

- Assurer les conditions de la liberté pédagogique des équipes. Elles sont plus à même que leur hiérarchie de décider des modalités d’enseignement. Les établissements de l’EP n’ont pas vocation à être les laboratoires du management libéral dans l’Education nationale (préfet des études, postes à profil, recours systématique aux vacataires).

- Réaffirmer l’importance du collège unique, polytechnique, et contraire à l’orientation précoce des élèves.

- Supprimer le socle commun de connaissances et de compétences qui est la formalisation d’une école à 2 vitesses : Programmes officiels pour les "bons établissements", Socle commun pour les autres.

- Renoncer au flicage des élèves par le biais du livret personnel de compétences, des applications du type Base-élèves, Sconet ou son successeur SIECLE.

- Assurer la présence de RASED complets dans chaque réseau, d’un(e) assistant(e) social(e) et d’un médecin à temps plein sur chaque collège ou lycée en EP.

Si nous ne réagissons pas fortement et massivement, nous ne pourrons que subir une réforme qui aggravera une nouvelle fois nos conditions de travail et les conditions d’apprentissage de nos élèves.

Ne soyons pas attentistes ! Investissons les demi-journées de "concertation" !