Rentrée des enseignantEs stagiaires / Après vous le déluge ?

Tract de rentrée de SUD éducation 13 à destination des enseignantEs stagiaires.
jeudi 23 août 2018
par  GUERDA
popularité : 9%

En tant qu’enseignantEs* stagiaires vous intégrerez bientôt la Fonction Publique d’État et plus précisément le service public de l’Education nationale. De toutes évidences, si vous avez choisi cette voie ce n’est pas seulement pour les grandes vacances et le salaire mirobolant ! Si vous avez fait ce choix c’est que vous devez avoir un certain goût pour l’engagement social et l’intérêt collectif, et que vous portez des valeurs d’égalité et de justice. C’est en tous cas ce que beaucoup d’entre nous partageons et c’est aussi ce qui nous rend solidaires. Les métiers de l’éducation sont au coeur de nombreuses problématiques qui traversent la société et c’est justement cela qui en fait des métiers à part. Malheureusement aujourd’hui l’école est en train de subir de profonds et dangereux bouleversements auxquels nous n’avons d’autres choix que de nous opposer de toutes nos forces car ils mettent à mal le projet d’une éducation publique, démocratique et égalitaire.

Votre année de stage se déroulera donc durant une période charnière pour le système scolaire mais aussi pour notre société. Quelque chose de décisif est en train de se jouer et vous ne pourrez pas passer à côté. Chacun d’entre nous devra prendre sa place dans les combats à venir.

Une école de plus en plus inégalitaire

Disons le d’emblée ce gouvernement à pour ambition de dynamiter la fonction publique et l’école publique telle qu’elle existe. Ce qui n’étaient auparavant que de vielles lubies de la droite sont en train de devenir des réalités. L’entreprise de démolition à commencé en s’attaquant aux finalités mêmes de notre système éducatif. Parcoursup et la loi ORE en sont les plus criants symboles. En introduisant la sélection à l’université, c’est une marche arrière cinglante qui est imposée à la jeunesse à rebours du processus de démocratisation scolaire engagée depuis des années.

Au nom de la rentabilité, ce gouvernement fait le choix d’un darwinisme social assumé. Chacun doit rester à sa place dans une société fortement hiérarchisée qui reproduit à la lettre les inégalités sociales. C’est bien là tout l’inverse de la mission que nombreux d’entre nous nous fixons. La généralisation du recours à l’apprentissage, la réforme du lycée professionnel, la casse du service public d’orientation avec notamment la disparition des CIO (Centres d’Orientation et d’Informations) viennent compléter le dispositif.

Destruction du statut des fonctionnaires programmée

Mais s’attaquer aux missions du service public d’éducation n’est pas suffisant pour ce gouvernement. Celui-ci à la ferme intention de s’en prendre à la nature même de la Fonction publique à travers le démantèlement du statut des fonctionnaires, véritable protection collective pour tous les agents publics. Les annonces gouvernementales et les révélations autour du rapport CAP 2022 sont à ce sujet effrayantes. Dans l’Education cela va se traduire tout d’abord par le recours massif aux non-titulaires renforçant encore un peu plus la précarité dans la fonction publique et par conséquents les divisions entre les personnels. Dans l’éducation unE d’entre nous sur quatre est déjà unE agentE contractuellE. Alors que jusqu’à présent des règles communes définissaient nos carrières, celles ci seront désormais individualisées à travers la mise en place de primes au mérite et de la mutation sur profil. De tels mesures ne seront possibles qu’avec le renforcement du pouvoir des personnels de direction et préfigurent tout bonnement la mise en concurrence des établissements.

Ne vous y trompez pas, si ce système sera bénéfique pour quelques happy few, l’écrasante majorité d’entre nous sera perdante. Les conséquences ? Un recul sans précédent de nos conditions de travail et un affaiblissement généralisé de la qualité du service public. Le but ? Il est idéologique. Il s’agit tout bonnement de faire des économies budgétaires et de faire prospérer le secteur privé. S’en prendre au service publique c’est s’en prendre à la répartition des richesses et donc à la solidarité !

Le jeu de massacre ne s’arrête malheureusement pas là. Le rapport CAP 22 que le gouvernement avait décidé de ne pas rendre publique tout de suite, comporte une autre mesure de taille : la création d’un autre statut d’enseignant en parallèle de celui existant. Les nouveaux collègues qui rentreront dans le métier devront être bivalents et enseigner 20h soit deux heures de plus que les autres... Une mesure qui ressemble à s’y méprendre à ce qui a été entrepris à la SNCF avec le statut des cheminotEs.

Formation, le grand retour en arrière

Dans son entreprise effrénée le gouvernement n’a pas oublié la formation. Des annonces ont déjà été faites dans le sens d’un pré-recrutement en Licence 3 avec une admission définitive en Master 2. Une disposition qui reculerait l’obtention du statut de fonctionnaire-stagiaire de deux ans tout en profitant des services des étudiants admissibles en tant que contractuellEs. Pour vous qui venez d’obtenir le concours, il n’est pas besoin d’expliquer que le compte n’y sera pas. Le contenu de la formation est lui aussi source d’inquiétude. Ce ministère multiplie les mesures rétrogrades et les ingérences en matière de pédagogie. Les consignes données dans le premier degré durant l’année scolaire précédente et la récente réforme des programmes opérées dans la précipitation cet été en sont les parfaits exemples.

Ce gouvernement a clairement joué la carte de la division et toutes ces mesures n’ont qu’un seul objectif assumé : la privatisation de l’éducation. Ce projet n’est pas nouveau, c’est même le fantasme éternel des libéraux. Il s’inscrit dans une politique globale de casse des services publics et de destruction des solidarités. La réforme à venir des retraites, et celle de la protection sociale vont dans le même sens. Face a toutes ces menaces qui pèsent sur le système scolaire publique nous devons rester solidaires. Titulaires, stagiaires, contractuellEs c’est tous ensemble que nous devons nous organiser afin de faire échec aux projets gouvernementaux. Chacun d’entre nous doit prendre la mesure des enjeux. Mieux encore, nous devons profiter de cette période pour repenser l’école et la société car bien au-delà des intérêts catégoriels c’est bel et bien un combat pour le bien commun qui est engagé. Plus que jamais nous sommes toutes et tous concernéEs !


> Retrouver également notre guide syndical 2018/2019 pour les enseignantEs stagiaires : Tout ce qu’il faut savoir pour ne pas se faire avoir !

> Télécharger et diffuser notre tract


Documents joints

Après nous le déluge ?