Marseille-Centre / Mon bahut va craquer !

samedi 2 mars 2019
par  GUERDA
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Depuis plusieurs années, nous constatons une augmentation constante des effectifs, tant dans les établissements que dans les classes. C’est particulièrement vrai dans le centre-ville de Marseille dans lequel place et personnels manquent pour accueillir les élèves dans de bonnes conditions. Des situations qui engendrent stress et souffrance au travail.

Dans un contexte général d’augmentation du nombre d’élèves en collège au niveau national (pas moins de 40 000 élèves supplémentaires pour la seule rentrée 2019 selon une note de la DEPP de mars 2018), prévue jusqu’en 2022, des besoins de scolarisation en UPE2A dans les collèges du centre près des lieux d’accueil, et la livraison récente de nouveaux complexes d’habitation dans le centre de Marseille (exemple du quartier Chanterelles), cette situation était largement prévisible. Mais malgré toutes ces évidences, l’accueil de ces nouveaux élèves n’a pas été correctement anticipé, et de nombreux collèges se retrouvent en sureffectifs, obligés de jongler entre des DGH en baisse (ou à peine stabilisées), et des effectifs en hausse constante.

Ainsi, les exemples de situations intenables se multiplient. À la rentrée 2018, le collège Quinet avait déjà dû refuser 80 élèves par manque de place. Au collège de la Belle de Mai, une classe de 6e « flottante » va ouvrir à la rentrée 2019, et les heures nécessaires à cette ouverture de classe ne seront pas amorties par le volant d’autonomie accordé à l’établissement dans la DGH, qui n’est pas abondée en fonction. Des dispositifs existants sont par contre sacrifiés (UPE2A, soutien FLS etc.). 

Le collège Malrieu échappe lui de près au même sort. Toutefois, le nombre d’élèves sectorisés sur cet établissement, comme sur Fraissinet, ne cesse de croître, et on envisage d’envoyer ces élèves un peu partout : Puget, Louise Michel etc. Pour l’instant, la modification de la carte scolaire n’a pas abouti, mais qu’en sera-t-il l’an prochain ?
Au collège Longchamp, on promet une stabilisation des effectifs à 28 élèves par classe, c’est-à-dire 878 élèves dans un collège qui était originellement prévu pour 750 élèves (prévision à la livraison après travaux en 2011).

En septembre 2019, les collègues du collège Versailles ne savent toujours pas dans quelles conditions ils feront leur rentrée. Devront-ils rester sur le site du chantier, à inhaler la poussière et travailler dans le bruit pendant 3 ans ? Au moins, pour l’équipe du collège Izzo, la lutte a payé : ils ne verront finalement pas, comme initialement prévu, les 150 élèves supplémentaires, sectorisés au collège Versailles, faire leur rentrée dans des préfabriqués installés sur leur terrain de sport.

Il manquerait actuellement, selon les chiffres qui circulent, au minimum 300 places en collège dans le centre-ville de Marseille. Mais rien n’a été fait, ni n’est prévu pour faire face à ce déficit criant : le Conseil Général, trop heureux de dépenser ses millions en portiques de sécurité et caméras avec son grand plan Charlemagne, argue de l’absence de foncier dans lequel investir dans le centre-ville. Et puis, cette hausse du nombre d’élèves est « temporaire », elle devrait cesser en 2022...

Las ! À nous de gérer d’ici là. Gérer des cantines inadaptées au nombre d’élèves, le manque de personnels de vie scolaire, d’enseignement, etc, des conditions dégradées d’accès à l’hygiène (nombre de toilettes etc.) et de sécurité dans des locaux inadaptés, gérer aussi l’épuisement de travailler avec des classes, des perms, des couloirs surchargés. L’académie d’Aix-Marseille, et notamment les Bouches du Rhône, voient déjà leur population scolaire largement se déporter vers le privé. Ainsi, dans le 13 seul, seulement 76.3% des élèves étaient scolarisés dans le public en 2017. La dégradation des conditions d’accueil et la resectorisation sauvage qui semble être la seule réponse potentielle de l’institution, ne feront qu’encourager cette fuite déjà inquiétante vers le privé.

Le syndicat Sud Education 13 appelle les établissement du centre-ville à se coordonner pour exiger des moyens adaptés à l’accueil de nos élèves, en dotation horaire global, en nombre de personnels, et en infrastructures, et la création d’un collège supplémentaire au centre-ville de Marseille. Dans un contexte marseillais difficile, où le droit à la ville est une lutte essentielle à mener, ajoutons ces revendications à l’édifice et luttons pour un accueil digne pour tous les enfants de Marseille. Nous appelons aussi tous les établissements concernés par cette lutte à participer, le mercredi 6 mars, au rassemblement devant l’Inspection Académique à 14h, et à l’assemblée générale des collèges à la Bourse du Travail à 16h.