COVID-19 / Liberté d’expression VS devoir de réserve

jeudi 12 mars 2020
par  GUERDA
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Certains collègues, dans les écoles et les établissements du secondaire vont ressentir le besoin de communiquer aux parents d’élèves la situation d’accueil qui leur sera réservé, ce qui est parfaitement légitime. Puisque les retours à l’école se font en théorie sur la base du « volontariat », il est important que les familles puissent faire leur choix de façon éclairée. Et si la hiérarchie essaye de vous intimider, ne vous laissez pas impressionner !

Est-ce qu’un devoir de réserve m’empêche de communiquer nos inquiétudes aux familles ?

Le devoir de réserve des personnels de l’éducation est un sujet fréquent d’interrogation. Le doute est savamment entretenu par l’administration et les chefFES de service. Le devoir de réserve n’existe pas dans le statut de la fonction publique. A aucun moment, il n’y apparaît. Au contraire la « liberté d’expression » est garantie aux fonctionnaires. Le devoir de réserve existe dans la fonction publique mais il est proportionnel à la place que l’on occupe dans la hiérarchie. En tant que PE, EnseignantES du secondaire, AED ou AESH, vous avez parfaitement le droit de vous exprimer puisque vous n’occupez pas une fonction hiérarchique. Ne vous laissez pas intimider, vous pouvez communiquer avec vos familles et livrer vos inquiétudes. Le devoir de réserve ne doit pas être confondu avec le devoir de neutralité du fonctionnaire ou le secret professionnel. Le devoir de neutralité du fonctionnaire s’applique, dans l’exercice de vos missions, principalement envers les élèves dont vous avez la responsabilité. On ne doit pas, à cause de vos opinions politiques ou religieuses, pouvoir vous suspecter de vouloir influencer vos élèves ou de pouvoir exercer une forme de discrimination à leur égard. Cela est bien différent de la démarche que vous comptez entreprendre !

Comment communiquer avec les familles ?

Pour éviter d’enfreindre votre devoir de neutralité, vous devez communiquer directement avec les familles. En temps normal, il s’agirait d’un courrier cacheté donné à la sortie de l’école ou de l’établissement à la famille ou par l’intermédiaire de l’élève (dans le secondaire) tant que ce dernier n’a pas accès à l’information.

Dans les circonstances actuelles, la communication se fait nécessairement à distance. Nous vous recommandons de ne pas utiliser vos courriels professionnels, ni le courriel de l’école (pour le premier degré), privilégiez votre courriel personnel.

Peut-on communiquer des dysfonctionnements dans mon école ou mon établissement ?

Oui, tant que vous respectez les limites qui bornent la liberté d’expression, vous avez le droit de communiquer, y compris et même surtout à la presse. Veillez seulement à ne pas passer sous le coup de l’injure et de la diffamation, et exprimez-vous. Lorsque Charlotte Magri a pris la parole au sujet de l’état des écoles à Marseille, elle est parvenue à mettre en lumière le scandale de l’incurie de la municipalité, là où les organisations syndicales qui dénonçaient cette situation avaient échoué. Si vous décidez de reprendre à partir du 11 mai et que vous assistez à des situations qui vous semblent dangereuses ou non conformes aux protocoles mis en place par l’Education Nationale, dites-vous bien que témoigner ou s’exprimer peut faire changer les choses. Dans une certaine mesure, cela peut même s’apparenter à un devoir moral.