Mastérisation = Précarisation !

mercredi 4 août 2010
par  Rédac13014
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Bac + 5 employables et jetables !

En cas d’échec au concours, votre diplôme fera de vous des spécialistes es éducation recrutables et jetables par le rectorat, voire directement par chaque établissement, pour des petits bouts de contrats éphémères et précaires (l’agence nationale du remplacement, mise en place cette année, est là pour ça…). Ces contrats précaires, qui offrent à l’administration une gestion plus souple et des profs plus dociles, risquent fort de devenir la norme au sein de l’éducation nationale. D’année en année les places au concours seront de plus en plus réduites jusqu’à disparaître certainement un jour. Censée vous apporter un diplôme universitaire réconfortant en cas d’échec aux concours, la masterisation est en réalité la pierre d’angle d’un dispositif idéologique qui va permettre le détricotage des statuts, la précarisation de la fonction publique, la déréglementation tant poursuivie par le gouvernement en place.

Revalorisation ?

Le gouvernement vous promettait la revalorisation des salaires : la cinquième année (M2) ne sera plus rémunérée. On revalorise en supprimant une année entière de salaire ?? Et cela, si vous accédez au statut de fonctionnaire car en cas d’échec, les grilles de salaires applicables pour les contractuels seront bien inférieures à celles des titulaires. Ajouter une année d’étude non rémunérée, alors que plus de la moitié des étudiants sont contraints de travailler pour financer leurs études (impossible en M2 au vue de la charge de travail : cours + stages + mémoires + préparation du concours !), c’est une sélection sociale inavouée, que ne saurait compenser le saupoudrage actuel des bourses.

Vous serez la première génération d’enseignants à vous retrouver sur le terrain sans aucune formation rémunérée.

Dans le premier degré, PE1, vous trouviez que l’organisation des deux jours de stages en responsabilité cette année était scandaleuse ? Mais il y a bien pire : L’année prochaine les quelques 70 qui auront au prix d’une année d’abnégation et de boulot intensif enfin obtenu le concours, seront lâchés dans les classes dans n’importe quelles conditions et pour toute l’année à la fin de laquelle seulement, s’ils ont survécu, ils seront titularisés. Les autres, c’est à dire la majorité d’entre vous, vont se retrouver en M2 à devoir re-préparer le concours qui d’ici là aura changé dans ses contenus, tout en préparant un mémoire de recherche et en assurant 108 heures de stages sur le terrain (à comparer avec les 500 heures actuelles). Comme il y aura de moins en moins de places au concours, il y aura de plus en plus de M2 non-titulaires qui auront un bac + 5 certes, mais pour quoi faire ? Le master ne servira qu’à une chose : gonfler les rangs de la précarité. Pendant que nous perdons notre énergie et notre créativité à aménager ce qui ne peut l’être, à trouver au Master des charmes qu’il n’a pas, le Ministère continue à supprimer les postes ; 25 000 déjà, 80 000 bientôt... Nous sommes bien trop dociles et acceptons l’inacceptable, aménageant des dispositifs qui ne visent que notre propre précarisation. Pour instaurer un nouveau rapport de force, pour restaurer une formation des enseignants digne de ce nom, nous vous invitons à vous mobiliser, à rejoindre les AG, à envisager toutes les formes d’action susceptibles d’infléchir la mise en place d’une réforme néfaste aux enseignants et aux élèves.

Sud éducation réaffirme son opposition à cette réforme. Il n’y a rien à négocier dans cette réforme dont l’issue est la précarisation, la flexibilité des personnels et la dégradation des conditions d’enseignement.


Documents joints

Precarisation-masterisation