La retraite, une affaire de jeunes

Un 4 pages réalisé par le collectif « La retraite, une affaire de jeunes » :
UNEF, UNL, FIDL, Sud Etudiant, LMDE, CGT, FSU, UEC, Attac Campus, JOC, Génération Précaire, MJS, MJCF, Jeunes Verts, JRG, Réseau jeunes du PG, NPA, Gauche Unitaire Jeunes, Branche jeune d’Alternative Libertaire.
http://retraites-jeunes.net/
lundi 6 septembre 2010
par  Rédac13014
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http://retraites-jeunes.net/

Une attaque inacceptable contre nos
retraites, contre nos droits !

La contre-réforme du gouvernement prévoit
de reculer l’âge légal de départ en retraite de 60 à
62 ans, d’augmenter à 41,5 le nombre d’annuités
nécessaires pour toucher une retraite à taux plein, et
de porter de 65 à 67 ans l’âge minimum auquel un
salarié n’ayant pas cotisé la totalité de ses annuités
pourra partir avec une retraite à taux plein.
Les conséquences de ces mesures seront
dramatiques. Les pensions vont encore baisser.
Obliger des salariés déjà usés par 40 ans d’activité
professionnelle à travailler 2 ans de plus aura pour
conséquence une baisse de l’espérance de vie et
surtout de l’espérance de vie en bonne santé. A
cause du chômage de masse et de l’allongement de
la durée d’étude, les jeunes aujourd’hui s’insèrent sur
le marché du travail aux alentours de 27 ans. Pour
notre génération cotiser 41,5 annuités signifiera
partir en retraite à 68 ans, ou partir avant avec
une retraite plus faible !

Une contre-réforme pour nous faire
payer leur crise !

Le gouvernement invoque un « argument
démographique » : on vit plus longtemps, donc il
faudrait travailler plus longtemps. Or l’augmentation
de l’espérance de vie n’est pas nouvelle, elle n’a
pas empêché que le temps passé au travail dans
une vie baisse en parallèle grâce au partage des
gains de productivité et à une meilleure répartition
des richesses.
L’objectif en fait n’est autre que de satisfaire les
marchés financiers. Face à l’aggravation des
déficits provoqués par la crise – dont ils sont à
l’origine, les marchés financiers exigent, pour parer à
tout risque de non remboursement de la dette
publique, la restriction drastique des dépenses
publiques et sociales. L’ajustement structurel en
Grèce, la réforme des retraites en France, les plans
d’austérité partout en Europe obéissent à cette
même logique…
C’est la logique de gouvernements à la botte des
marchés financiers ! L’affaire Woerth-Betancourt a
mis à jour les liens serrés qui existent entre le
pouvoir politique et les plus riches. Les régressions
sociales ne cessent de s’enchaîner depuis des
années. Les libéraux permettent aux détenteurs des
capitaux de détourner toujours plus de richesses à
leur profit, notamment par des politiques menées au
niveau de l’Union européenne de déréglementation
des marchés, libération des capitaux, mise en
concurrence des systèmes sociaux…
Avec la réforme des retraites, le gouvernement nous
demande de payer plus alors même que les bonus
versés aux actionnaires repartent à la hausse ! Cette
contre-réforme non seulement ne touche pas à leurs
privilèges, mais est pour eux une véritable
opportunité, car la baisse des pensions va obliger
celles/ceux qui en auront les moyens à épargner
individuellement (les autres devant se contenter de
retraites de misère). Plutôt que de financer le
système de retraites solidaires, l’argent des
salarié.e.s passera par les marchés financiers,
qui l’utiliseront pour faire du profit (encore !).

Ça suffit ! Exigeons le retrait de cette réforme !

Notre génération encore précarisée, au chômage… et sans retraite !!

Les jeunes sont les premières victimes de la crise en subissant en de plein fouet l’explosion du
chômage. Ils sont aussi les premières victimes du plan de rigueur du gouvernement : les frais
d’inscription et le prix du ticket de resto U sont en hausse. Des postes sont supprimés dans l’éducation
nationale. La moitié des étudiant.e.s doit travailler pour financer leurs études, et dépenser des fortunes pour se
loger dans des conditions catastrophiques. Avec le risque d’augmentation des frais d’inscription
éventuellement sauvages dans des universités en concurrence, et le développement corollaire des prêts
étudiants, les nouvelles générations vont devoir s’endetter de plus en plus. La contre-réforme des retraites
nous prive enfin de la perspective d’une retraite digne et solidaire. Nous aussi aspirons à un haut
niveau de protection sociale et nous devons le faire entendre dans cette bataille au côté des salariés !

1) Quel impact sur nos retraites à nous les jeunes ?
Nos générations sont doublement
pénalisées :
On nous demande de travailler/chômer
plus longtemps que les générations
précédentes. Alors même que notre pays n’a
jamais été aussi riche, cela va dans le sens
contraire du progrès social. Le gouvernement
nous adresse un message clair : la retraite
ce n’est plus pour vous !
La durée des études s’allonge, et l’âge moyen d’entrée dans un emploi
stable (27 ans) recule à cause de la précarisation de notre génération : il faut
multiplier les stages, les missions d’intérim les temps partiel et les CDD avant de
décrocher enfin un emploi stable. En conséquence, les jeunes ont de moins en
moins de trimestres validés de cotisation et donc de possibilités d’atteindre la
durée exigée pour la retraite.
Quand pourrons-nous prendre notre retraite s’il faut cotiser toujours plus longtemps
alors que nous cotisons toujours plus tard ?

2) Travailler plus longtemps, plus nombreux ? Quel
impact sur le chômage des seniors et des jeunes ?

Nous faire travailler à un âge plus avancé, c’est une façon d’augmenter la durée
de travail, ce qui supprime de l’emploi. On nous demande de travailler plus
longtemps, et le résultat est que l’on chôme plus longtemps et plus nombreux. Les
plus menacés par l’augmentation du chômage sont notamment :
les seniors, qui n’arriveront pas à se maintenir plus longtemps sur le marché du
travail comme il leur est demandé : les entreprises les poussent déjà à partir !!
les jeunes, qui risquent d’avoir encore plus de difficultés à rentrer sur un marché
du travail déjà encombré
La contre-réforme va intensifier la concurrence pour l’emploi, notamment entre
les jeunes et les seniors, et plus largement entre les travailleurs/ses, ce qui va
encore faire baisser la part des salaires, et les recettes de la sécurité sociale…

3) Le système solidaire en ligne de mire… Quel
impact sur le développement de la capitalisation ?

Comme il ne sera pas possible de cotiser aussi longtemps qu’il nous est imposé
pour toucher une retraite à taux plein, les pensions de retraite vont encore
baisser comme après chaque contre-réforme de droite. Les actifs (qui en ont les
moyens) sont donc incités à épargner individuellement dans des fonds de pension,
c’est-à-dire à recourir à la « capitalisation », ce qui va alimenter les marchés en
argent frais pour leur permettre de réaliser encore des profits. C’est d’ailleurs un
objectif explicite du gouvernement (document d’orientation en mai 2010) et de la
Commission européenne (Livre Vert sur les retraites de 2010).
Or avec la récente crise on a vu que la plupart
des fonds de pension dans le monde ont été
mis en grande difficulté, et ont entraîné la
ruine des épargnants individuels. Dans
l’OCDE la valeur de leurs actifs a baissé de 23%
en 2008 !
Enfin, le système est fondamentalement
inégalitaire. Individualisé, il renonce à toute
redistribution entre retraité.e.s. Enfin, ceux qui
n’auront pas les moyens d’épargner devront se
contenter d’un système de protection sociale qui
ne pourra pas leur assurer une retraite suffisante.

4) Carrières longues, pénibilité… quid du droit à une
retraite en bonne santé ?

Le dispositif de la loi de 2003 avait permis aux salarié.e.s ayant commencé à
travailler tôt de partir avant 60 ans : 100 000 par an en avaient bénéficié. C’était trop
pour le gouvernement. Avec la nouvelle contre-réforme, il leur faudra attendre deux
ans de plus, et le nombre de bénéficiaires aura diminué de moitié dès 2011 !!
Le gouvernement endosse la conception patronale de la pénibilité qui reposerait sur
un constat médicalisé individuel a posteriori et non pas sur une définition a priori des
métiers et catégories professionnelles. La notion de pénibilité au travail, vidée de tout
contenu, est remplacée par celle de handicap
puisqu’il faudra un taux d’incapacité au moins égal à
20 % pour en bénéficier : c’est nier le droit à une
retraite en bonne santé !
Il n’est tenu aucun compte du fait que, à 60 ans,
l’espérance de vie en bonne santé est moitié
moindre que celle de l’espérance de vie tout
court. C’est à se demander si, voulant trouver une
« solution démographique » à un problème qui ne
l’est pas, le gouvernement ne cherche pas à
interrompre la tendance à l’allongement de
l’espérance de vie !

5) Quel impact sur les inégalités hommes-femmes ?
Actuellement, les femmes perçoivent une retraite qui ne représente en moyenne
que 62 % de celle des hommes. En effet, les femmes font face à des inégalités sur le
marché du travail (temps partiel, salaires plus bas, carrières discontinues…) qui les
handicapent particulièrement pour cotiser. En 2004, seulement 41% des femmes parties
en retraite avaient validé une carrière complète, contre 86% des hommes. La contre-
réforme aggrave ces inégalités : l’augmentation de la durée de cotisation nécessaire
pour une pension à taux plein frappe les femmes de manière disproportionnée car
elles sont bien plus loin que les hommes du seuil exigé.

6) Côté financement… se ferait-on avoir ?

Alors que 3,7 milliards seraient prélevés sur les revenus du capital, les salarié.e.s et
chômeurs/ses contribueraient à hauteur de 26,5 milliards, soit 85% de l’effort de
financement. Le comble est que l’équilibre souhaité n’est pas assuré : il manquera
toujours 15 milliards en 2020. La raison en est que le gouvernement ne veut pas
toucher à la répartition des richesses. Déréglementation, libre échange, libération des
capitaux… : ces politiques menées par les Etats et institutionnalisées au niveau de
l’Union européenne ont permis aux détenteurs des capitaux de détourner une part
toujours plus grande des richesses produites. La part des profits dans la valeur
ajoutée a donc augmenté, et celle des salaires a baissé de 8,8 points de PIB (cf.
graphe), d’où une perte sèche pour les salaires de 167 milliards d’euros chaque
année ! Voilà l’origine des problèmes de financement de nos retraites !
Il faut aussi mentionner les 31 milliards d’€ d’exonérations de cotisations sociales par an
qui ne servent à rien ; les 30 milliards de baisses d’impôts qui ont bénéficié aux
privilégié.e.s depuis 2000 ; les 83 milliards de
dividendes perçus par les actionnaires en
2008… Sans oublier le plan de 360 milliards
d’aide aux banques pour sortir de la crise, et les
40 à 50 milliards d’intérêts annuels de la dette
publique versés aux marchés depuis la
privatisation de la monnaie.
Enfin, c’est aussi la politique de l’emploi qui est
en cause : 2 millions d’emplois créés
généreraient 10 milliards de cotisations, ce
qui suffirait à pérenniser le système et son
financement !


Mobilisons-nous pour nos retraites, nos droits, notre avenir !

Jeunes en insertion, salarié.e.s ou étudiant.e.s, c’est sur nous que reposera le
financement du système de retraite dans les années à venir, et c’est nous qui
subirons toute modification du système actuel. Refusons d’être les grand.e.s
oublié.e.s d’un débat qui nous concerne ! Le mouvement contre le CPE avait permis de
faire reculer le gouvernement qui voulait imposer la précarité pour tous les jeunes : il
nous faut aujourd’hui construire un mouvement d’ampleur des jeunes et des salarié.e.s
pour obtenir le retrait de cette réforme et imposer nos revendications.

Exigeons le retrait du projet
de contre-réforme !

- 1/ Prenons sur les profits, augmentons les salaires pour mieux financer
nos retraites !
- 2/ Mettons en œuvre une vraie politique de l’emploi favorisant l’emploi à
temps complet (notamment pour les femmes), stable et de qualité
- 3/ Suppression des exonérations de cotisations sociales et des cadeaux
fiscaux pour le patronat !
- 4/ Validation des années d’études et de formation dans le calcul des
annuités ouvrant droit à la retraite, afin que chaque jeune soit assuré de
pouvoir étudier sans être inquiété de son avenir !
- 5/ Validation des périodes de stage, intégrés dans une véritable
réglementation contraignante (rémunération à 50% du SMIC dès le premier
mois…) !
- 6/ Validation des périodes d’inactivité forcée, permettant la prise en compte de la situation des jeunes en
insertion pour qui l’enchaînement de stages, CDD, temps partiel, intérim, ou chômage les conduit à accumuler des
droits à une retraite très incomplet.

http://retraites-jeunes.net/


Documents joints

4P_retraite une affaire de jeunes - collectif